vendredi 8 juin 2012

LA CHAPELLE SAINT REGIS

chapelle st Régis

Si j'apporte cette précision, chapelle saint Régis de Dompnac, près du ron des fades, c'est qu'il existe à l'ouest de celle ci, sur la commune voisine de Sablières une autre chapelle du même nom. Mais aussi cette fois à l'est sur la commune de Rocles, une troisième est dédié au même saint.
D’ailleurs, sur la colline en face à 200m à vol d'oiseau, une réplique hommage à l'échelle 1/10e est positionnée vis à vis de la première : celle du village miniature occitan de Drobie Lauze.
Mais pourquoi ce saint est-il tant vénéré en la région ?
François Régis ,né en Languedoc en l'an 1597, est décédé d'épuisement le 31 décembre 1640 à Lalouvesc., ce lieu devenu objet de vénération contient en sa basilique les reliques du Saint canonisé.
Ce jésuite « missionnaire de l'intérieur », apôtre du Vivarais ce marcheur de Dieu parcourait le pays pour le soutenir dans sa foi.
C'est au cours de ces périples qu'il est passé par chez nous, et que fut édifiée quelques 200 ans plus tard alors que le pays de la vallée de la Drobie était à l’apogée de sa population, cette chapelle.
A la Saint François Régis le 16 juin un pèlerinage lui est consacré.
Mais un mystère, où un miracle procédât à son édification.
Un des derniers habitant du hameau de Pourcharesse commune de Dompnac me l'a conter ainsi.
A la croix des Lèbres, intersection du chemin qui joint Saint Mélany à Valgorge, et de celui qui va de Dompnac à Beaumont est projeté l'édification de la chapelle Saint Régis.
On amènent les premiers matériaux ainsi que les outils nécessaires à sa construction. Le lendemain matin en arrivant l'équipe fut surprise de constater que tout avait disparu, et s'était transporté à 200m de là.... L'on ramènent les outils et matériaux à la croix des Lèbres, mais le surlendemain, même scénario... et les déménagements nocturnes continuent .
On se rend à l'évidence la croix des Lèbres ne doit pas être le bon lieu. Le bon sens décide que devant ce choix quasi divin, on édifiera la chapelle ici plutôt que là-bas.
Les habitants du hameau ne trouvèrent rien à redire à cela, car avec ce déplacement de 200m la chapelle allait se positionner bien en vue du hameau, et le mettre ainsi sous protection rapprochée.
Au fronton sur le linteau de la porte est inscrit la date de sa construction : 1843.
Chaque 16 juin,y venant par monts et par vaux, en langue du pays l'occitan on dirait par serres et vallas car en ces temps-là elle était la seule parlée  par les pèlerins la fréquentant.
Faisant halte à chaque calvaire,pour y récupérer les fidèles des hameaux ,curé en tête, on y montait à partir de Saint Mélany, et aussi de toutes les autres directions.
En ces temps-là, la chapelle ne pouvait contenir à l'intérieur tous ses pèlerins.
Outres ses fonctions œcuméniques,cette chapelle comme nombres d'autres d’ailleurs a ses propres pouvoirs. Cette chapelle Saint Régis a celui de rompre le maléfice qui accable comme on dit ici les populations de « rénaïres », de rouspétaïres, de ronchons, de grincheux, bref de remettre les gens en harmonie.
Pouvoir qu'elle partage désormais avec sa petite fille, qui lui fait face,au village de Drobie Lauze.
Elle est aussi sollicitée à certaines occasions. Un cas fréquent, si les orages de la fin août venaient à faire défaut, les pélerins montaient pieds nus implorer Saint Régis pour réclamer la pluie nourricière. Il faut savoir pour une bonne compréhension de la démarche, qu'en ces temps-là les chemins n'étaient point envahis de pierrailles.
Suivant la formule habituelle, dans le sens des aiguilles d'une montre, pieds nus ils tournent autour de la sainte chapelle en psalmodiant les incantations d'usages.
Il faut dire que l'économie du pays est totalement centrée autour de la production des châtaignes, on les consomme et commercialisent abondamment, quand il y a abondance. Pour cela les pluies de fin août sont nécessaire, que dis-je vitale.
En général ce coup de pouce ou plutôt d'orteil suffisait à maintenir le local ordre cosmos-divin.
De nos jours,on ne ramassent plus guère les châtaignes, ce sont les hardes de cochons plus ou moins sangliers, qui en font à coups de sauvages labours l'entretien et la récolte.
D’ailleurs, les bâtiments nécessaires à leur transformation et conservation, les clèdes (séchoirs à châtaignes) ont été reconverties en gîtes pour l'accueil des vacanciers, ce qui désormais est l'économie principale du pays.
Mais semble-t-il, nous pouvons constater à la même saison,et pour des motivations semblables mais inversées, des responsables du tourisme,et des propriétaires de gîtes locatif pour des raisons de bon remplissage tournent autour de la chapelle, mais dans l'autre sens.
Ils l'implorent d'accorder quelques semaines supplémentaires de soleil ininterrompu.
Le mouvement des idées nous dirige vers un monde post-chrétien, le pèlerinage de saint Régis qui s'il a perduré jusqu'à nos jours,en devient désormais chrétiennement symbolique.
Certes nous vîmes récemment un père venir officier pour la journée sainte. Ce fut un cas ou plutôt un concours de circonstance exceptionnel,voire divin. Ce curé ayant la charge de paroisses semblables aux nôtres entre Les Vans et Béssèges avait une motivation supplémentaire pour diriger l'office.
Le père Armand Pitzalis s'il est sarde par son aïeul, sa mère elle est née à Dompnac, au hameau proche de cette chapelle : Champ Blanc.
De par sa position géographique, la chapelle située à l'intérieur du triangle formé par les communes de Dompnac Saint Mélany Beaumont étaient prioritairement fréquenté par les fidèles de ces paroisses. Mais située sur le territoire de la commune de Dompnac, c'est à elle qu’incombe son entretien , ce qui fut fait.
En fin XXe siècle, une municipalité procédât au retrait d'un vieil enduit qui la recouvrait ce qui permis de constater le très sérieux de son édification, 2 arcs de décharge avait été incorporés dans les murs afin de répartir dans une autre direction les forces qu'exercent le poids de sa voûte.
Mais la forme générale de la bâtisse est évasée vers sa base par le prolongement des murs qui servent à contrebalancer la pression de la voûte et du toit, fait que décrépis désormais, elle et sujette aux infiltrations des eaux de pluie, surtout sur sa face Est lors des épisodes dit cévenol.Il est à noter constatant la grossièreté des pierres des murs quelle fut enduite dès son origine,de ce mélange crépis de chaux et de sable de carrière local que l'on nomme sizac qui avec ses 150 ans d'âge avait très bien vieilli. Mais si elle est sujette à une saisonnière humidité, aucune boiserie de sa structure, ne craint la dégradation, il n'y en a pas .Qu'on tienne donc cette chapelle bien aérée.
En 2004 la municipalité suivante, sous l'égide de sa Mairesse enfant du pays née sous les bénéfiques hospices de ce lieu, fit procéder à la réfection de sa toiture de lauzes.
Ce fut professionnellement réalisé avec les lauzes de schiste du pays. On peut appliquer le dicton local « que ben lauze per cent ans pose » c'est la garantie centenaire d'un travail bien fait.
Suite à cette réfection,l'on vit des artistes et artisans d'arts du pays y présenter en intérieur leurs œuvres.
Au motif de modernité, ou de post chrétienté le lieu et le parcours qui y mène, se vit réinvestie de sens.
Ce fut ce musicien qui se déplaçait dans les montagnes avec son piano, qui lui ouvrit une nouvelle perspective. En compagnie d'un conteur sur la place devant la Chapelle, lors d'une nuitée mémorable un esprit régénéré à sa source souffla de ce lieu, et redonna le « la » .
En 2001 ce fut Jean Ferrat qui en compagnie d'un orchestre symphonique,avec l'aide des violons ,viens nous rappeler que la montagne est belle.
D'autres suivirent et suivrons? pour de ce lieu peut ordinaire distiller du sens à ceux qui sont à portée de l’ouïr .
Mais depuis le tournant du siècle, et ce quelle qu'en soit la saison,on voit de plus en plus fréquemment individuellement ,ou en groupes parfois fort nombreux, des urbains laissant leur véhicule sur les places de l'église ou de la mairie de Saint Mélany, s'engager dans le sentier grimpant.
S'échelonnant le long du parcours jusqu'à la Chapelle Saint Régis, des Créateurs on installer des œuvres, ce qui donne l'occasion de faire halte .
Ces pèlerins d'un nouvel âge, promenant leur sac à dos, empruntent cette voie sacralisée.
Si les calvaires on perdus de leur importance, s'y substituant, les œuvres d'arts rappellent consciemment ou non aux marcheurs que l'homme est esprit.
Le but de ses marcheurs n'est pas la chapelle mais la marche. C'est une sanitaire antidote à la sédentaire vie citadine afin de se maintenir dans un corps sain (sans t).
Le choix de ce parcours imprégné de sens n'est peut être pas dû à l'aléatoire, car comme le dit si bien madame la multiséculaire fée habitante du proche ron des fades : rien n'est le fruit du hasard, tout est poussé par derrière .
Alors qu'en un corps sain, un alerte esprit plein de bon sens s'épanouisse !
Ainsi soit il .
Pierre Bouvarel

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